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11 H 30 Bute House Edinburgh
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BUTE HOUSE
EDIMBOURGH
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11 h 30 En un instant, le brouhaha de la salle de presse s’éteint. Nicola Sturgeon apparaît dans un tailleur rouge et se place au pupitre. À sa droite, le drapeau européen. À sa gauche, la Saltire, l’étendard écossais. L’Union Jack, le drapeau de l’union britannique, est restée dans les placards du palais. La mise en scène a été minutieusement étudiée. La ministre prend la parole : « Hier, l’Écosse, comme Londres et l’Irlande du Nord, a voté par une écrasante majorité pour rester dans l’Union européenne. Aujourd’hui, elle fait face à la perspective d’y être arrachée contre sa volonté. Cela est démocratiquement inacceptable. »

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Contrairement à ses homologues britanniques, la Première ministre écossaise s’est préparée à la victoire du « Oui » au référendum sur le Brexit. Elle en connaît les conséquences. La veille, l’Écosse a voté pour le maintien dans l’Union européenne. Mais le Royaume-Uni veut en sortir. L’Écosse doit donc se soumettre à l’avis du plus grand nombre, fut-il anglais et gallois. Sturgeon s’y refuse. Reste une solution : l’indépendance. « Je veux être très claire », assène-t-elle. « J’ai l’intention de prendre toutes les mesures et d’explorer toutes les options nécessaires pour conserver la place de l’Écosse dans l’Union européenne. La tenue d’un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse doit être envisagée. Et elle l’est. »

Depuis son entrée en politique, la chef du SNP — le parti nationaliste écossais — rêve d’une Écosse indépendante. En 2014, alors ministre chargée de la campagne pour l’indépendance, elle a échoué à convaincre suffisamment d’Écossais. 45 % des électeurs seulement ont voté pour lors du référendum. Le Brexit change la donne. 62 % des Écossais ont voté pour rester dans l’UE. Le Royaume-Uni hors de l’UE n’est plus celui qu’ils ont soutenu voilà deux ans. Le timing semble idéal pour le rêve nationaliste. C'est aussi sa dernière chance. Un nouvau revers et il ne se relèvera pas. « On ne parlerait plus d’indépendance ni même de référendum avant au moins 20 ans », certifie un proche de la First Minister. Sturgeon elle-même n’y survivrait pas. Mais que l'Écosse accède à l’indépendance, et la Première Ministre aura droit à la postérité. Quoi qu’elle décide, son destin et celui de l’Écosse son liés. Toute sa carrière semble l’avoir menée à ce dilemme. Elle, que les unionistes anglais surnomment la « femme la plus dangereuse de Grande-Bretagne ».

Partie 1

La naissance d'une stratège

PARTIE 1
LA NAISSANCE
D'UNE STRATEGE
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Dreghorn, à une heure au sud de Glasgow. Au bout d’une impasse résidentielle, dans le salon étroit d’un pavillon, des militants se préparent à une session de porte-à-porte. Kay Ullrich, la candidate SNP dans la circonscription de Cunninghame South, répète en boucle le message à faire passer : « À cause de Thatcher et des conservateurs, les usines ferment les unes après les autres. Le parti travailliste a trahi les travailleurs. Il a laissé tomber le peuple ! Seule l’indépendance redonnera sa dignité à l’Écosse. Votez SNP ! » Une adolescente, cheveux courts, jean noir et Doc Martens aux pieds frappe à la porte.

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« Bonjour, je m’appelle Nicola Sturgeon. Est-ce que je peux participer à votre campagne ? »

Elle n’a que 16 ans. Fille d’un ingénieur et d’une assistante dentaire, elle a grandi avec ses deux jeunes sœurs dans un logement social de Dreghorn, ancienne ville minière de 4 000 habitants.

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Ce soir de mai 1987, nourrie par la haine de Thatcher et d’un gouvernement pour lequel l’Écosse n’a pas voté, elle frappe à la porte de la politique pour la première fois. Les nationalistes n’ont aucune chance de remporter ces élections générales — ils ont réalisé un score de 2,5 % aux précédentes —, mais leur discours porte. De nombreuses usines de la région ont fermé. Le taux de chômage y est de 18 %, un record en Écosse. « Nicola était très affectée de voir les parents de ses camarades perdre leur emploi, » confie Ullrich. « Elle avait une conscience sociale très importante pour son âge et elle ressentait le besoin d’agir. »

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L’adolescente est déterminée à « changer les choses ». Persuadée que seule l’indépendance y parviendra, elle lui dédie sa vie. À 18 ans, elle part étudier le droit à l’Université de Glasgow et rejoint les Jeunes nationalistes écossais. « Tous les débats, les campagnes, les porte-à-porte… Il ne fallait pas qu’elle en manque un seul ! », se rappelle Cliff Williamson, qui militait avec elle. Plus tard, comme avocate, elle pose des congés pour participer aux campagnes. Même sa vie privée ne laisse aucun doute quant à son engagment. Son premier petit ami, Ricky Bell, fait partie des Jeunes nationalistes. Son mari depuis 2010, Peter Murrell, est le directeur général du SNP.

Sturgeon n’est pourtant pas une militante naturelle. « Vous la mettiez sur un pas de porte, et elle laissait les autres parler », se souvient Ullrich. Sturgeon le reconnaît elle-même : jeune, elle était timide et « un peu trop sérieuse » pour son âge. Elle gagne le surnom — dont elle mettra du temps à se défaire — de « Nippy Sweetie », en référence à sa personnalité acerbe. « Contrairement à beaucoup d’hommes politiques naturellement extravertis, explique Gerry Hassan, écrivain et éditorialiste au Guardian. Nicola Sturgeon est réservée, ce n’est pas une politicienne innée. Il lui a fallu se construire en tant que femme politique. C’est ce qui a fait sa force. »

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La jeune militante persiste et s’attire progressivement l’attention et la confiance de ses pairs. En 1991, Campbell Martin, un Jeune nationaliste élu au conseil local de Cunninghame South, parvient à provoquer un débat sur l’impact du traité de Maastricht sur les collectivités locales. Sturgeon est chargée de rédige des fiches-arguments pour l’aider à débattre. « C’était excellent, se rappelle-t-il. J’ai particulièrement apprécié débattre avec mes adversaires travaillistes ce jour-là ! »

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Lors des législatives de 1992, Alex Salmond, leader du parti, la remarque pour la première fois. À 22 ans, elle est alors la plus jeune candidate à représenter le SNP. Rapidement, sa réputation dépasse son propre parti. Malcolm Chisholm, ancien ministre et député travailliste, se souvient d’une débatteuse pugnace lors d’un débat à l’Université de Strathclyde en 1996. « Elle m’avait beaucoup impressionné. En se quittant, je lui ai dit qu’on se reverrait au Parlement ! » Elle l’exauce en 1999, à la faveur d’un scrutin de liste SNP. Mais ses talents de débatteuse ne suffisent pas à la faire gagner. Jusqu’en 2007, Sturgeon cumule les revers électoraux sur son nom seul : sept d’affilée.

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La première victoire politique de Sturgeon correspond au premier compromis concédé par le SNP. En 1997, la dévolution — le transfert de pouvoir du Royaume-Uni vers l’Écosse qui crée un parlement et un gouvernement écossais — est votée par référendum. Comme Alex Salmond, Sturgeon a soutenu la dévolution contre les fondamentalistes de son propre parti, partisans de « l’indépendance ou rien ». Trois Écossais sur quatre choisiront la dévolution. Peu de temps après, elle est nommée porte-parole du parti à l’éducation et l’énergie. Elle ne quittera plus les responsabilités du SNP.

En 2004, son pragmatisme lui ouvre une nouvelle fois les portes du pouvoir. John Swinney, leader du SNP, démissionne. Sturgeon est l’une des favorites pour lui succéder. Mais Alex Salmond — qui s’était retiré de la direction du parti après la dévolution — surprend tout le monde en se lançant dans la course. Déjà candidate, Sturgeon sait que Salmond a plus de chances de l’emporter. Elle préfère renoncer à sa candidature, mais négocie une position de colistière. Elle devient vice-présidente du parti en 2004 puis vice-première ministre en 2007.

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L’idéaliste perd, la pragmatique gagne. La leçon va beaucoup compter dans la suite de la carrière de Sturgeon. De retour à Dreghorn en 2016, l’adolescente timide a cédé sa place à une politique habile, au dialogue facile et très proche des gens. La Première ministre est venue soutenir son père, Robin Sturgeon, candidat aux élections locales partielles du North Ayrshire. « Quelques minutes après son arrivée, elle s’est retrouvée dans l’arrière-boutique d’une boulangerie à prendre des selfies. Je ne sais pas comment elle fait ! », s’émerveille Ullrich.

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Sturgeon n’en est pas à son premier retour. Elle effectue régulièrement la route vers le village de son enfance et n’hésite pas à rendre visite à ceux qui l’ont vu commencer la politique. « Elle était à mon anniversaire, et à celui de mon mari », se rappelle Ullrich.

Partout où elle passe, la Première ministre séduit. « Quand elle rencontre quelqu’un, explique Harry Burns, son conseiller spécial à l’époque où elle était ministre de la Santé, elle sait montrer beaucoup d’humilité et être à l’écoute. À son contact, les gens s’ouvrent et se livrent plus facilement. » Il raconte qu’il arrive parfois que Sturgeon, en pleine réunion officielle, détecte le trouble d’un des participants. « Je l’ai entendue murmurer à l’oreille de son assistante, se souvient Burns. Demander à ce qu’on s’occupe d’une personne contrariée. Elle lit très bien les émotions ».

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Après neuf ans au gouvernement, et deux en tant que Première ministre, elle affiche une cote de popularité plus élevée que celle de tous les autres leaders de partis en Grande-Bretagne : 51 % des Britanniques et 70 % des Écossais avaient une opinion favorable d'elle en avril 2016. Un mois plus tard, lors des denières élections générales, elle mène son parti à un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement écossais, un record.

Sturgeon est très populaire, y compris hors de l'Ecosse
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« Elle est populaire parce qu’elle paraît authentique, » affirme David Torrance. Ce partisan de l’union et éditorialiste au Herald a publié une biographie de Nicola Sturgeon en 2015. « Elle passe pour une personne normale auprès des gens, pas pour l’un des ces politiciens cyniques et démagos. En ce sens, c’est l’une des meilleures communicantes du Royaume-Uni et peut-être même d’Europe. »

Pour Mandy Rhodes, directrice du Holyrood magazine, cette affection populaire vient de ses racines : « issue d’un milieu modeste et d’un enseignement public, de gauche et vraisemblablement humaine ».

Partie 2

La realnationaliste

PARTIE 2
LA REALNATIONALISTE
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Hémicycle du Parlement écossais, Edimbourg. Ce 20 novembre 2014, jour d’investiture, Nicola Sturgeon a troqué le tailleur pour la robe, rouge, toujours. Longtemps, le SNP est passé pour le parti d’un homme : Alex Salmond. Pour la première fois, une femme le dirige et est sur le point de devenir Première ministre. Après une décennie comme numéro 2, elle se dresse enfin au centre de l’hémicycle : « Ma promesse, aujourd’hui, est simple, mais sincère, commence Sturgeon. Je serai la Première ministre de toute l’Écosse. Peu importe votre opinion politique, je suis là pour vous servir. »

À Salmond le conquérant succède Sturgeon la rassembleuse. Les circonstances s’y prêtent. La défaite du « Oui » au référendum sur l’indépendance a convaincu Sturgeon de la nécessité d'unifier le pays. Tout l’inverse du mandat Salmond, qui ne voulait parler qu'au « 1,6 million d’Écossais joints à la cause ». « Salmond savait très bien parler à sa base militante, observe Gerry Hassan. Mais Sturgeon est une meilleure communicante parce qu’elle parle à l’autre Écosse : celle du Non. ! » La majorité en fait. Deux millions d'Ecossais ont voté' « Non » au référendum sur l'indépendance.

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Les priorités du gouvernement changent aussi. Sous Salmond, la lutte pour l’indépendance primait sur tout le reste. Sturgeon veut prouver que même au sein du Royaume-Uni, son gouvernement peut agir pour les Écossais. La ligne sociale-démocrate du parti est conservée, mais Sturgeon fait de la lutte contre les inégalités et la pauvreté son objectif principal. Dans le discours du moins.

Dans les faits, Sturgeon a peu réformé depuis 2014. Depuis qu’elle est Première ministre, elle n’a jamais augmenté les impôts. Elle en a pourtant le pouvoir depuis la nouvelle vague de dévolution en 2012. Les quelques réformes sociales entreprises sont maigres et ont presque toutes été votées avec un soutien transpartisan.

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En mai 2016, en campagne pour sa réélection, Sturgeon promet de réduire les inégalités de réussite à l’école. Elle annonce sa mesure phare : 750 millions de livres pour mener cette mission sur 10 ans. La mesure remporte l'ashésion jusque dans les rangs de l'opposition.

Cette politique d’équilibriste obéit à un objectif : convaincre le plus d’Écossais possible que le SNP peut rassemblr. Il faut à la fois rassurer les milieux d’affaires — le SNP prône le libéralisme économique — et promettre plus de justice sociale aux classes populaires. « Sturgeon ne doit être ni trop à gauche ni trop à droite. », analyse le journaliste David Torrance. « Elle ne peut rien faire de trop radical, comme trop redistribuer d’argent, au risque de contrarier une frange de ses électeurs. »

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La stratégie paye. Sturgeon attire désormais les nombreux déçus du parti travailliste. De 25 000 avant le référendum en 2014, le SNP passe à près de 120 000 adhérents en septembre 2016. Malgré la défaite, le SNP devient le troisième parti du Royaume-Uni.

Mais à multiplier les compromis, gare aux compromissions. Après trois ans au pouvoir, le bilan de Sturgeon est loin du changement que l’adolescente séparatiste voulait imprimer en s’engageant en politique. « Tout ce qu’elle détestait chez le parti travailliste des années 1980, on pourrait le reprocher au SNP, » tacle Torrance.« Le besoin de faire des compromis, l’appel aux classes moyennes, les effets d’annonces, etc. ».

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Le constat fait écho à l’arrivée de gouvernements sociaux-démocrates partout en Europe. Contrairement à d'autres gouvernements de gauche européenns, la réponse nationaliste est toutefois imparable : seule l’indépendance pourra apporter un véritable changement social en Écosse. Pragmatique, Sturgeon a jusqu'alors mis la question de l’indépendance de côté. Pas assez en phase avec l’opinion. Elle ne l’a pas oubliée pour autant. « L’indépendance : voilà l’objectif», confirme Kay Ullrich. «Et pour laccomplir, nous devons prendre quelques détours sur le chemin.»

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Le 22 juin 2016, la victoire du « Oui » au Brexit a ouvert un sacré raccourci sur la route de l'indépendance. Jusqu’à présent, Sturgeon ne s'y est pas engouffrée. Elle occupe le terrain. En septembre 2016, la Première ministre lance ce qu’elle appelle « le plus grand exercice d’écoute de l’histoire du SNP ». L’objectif : atteindre plus de deux millions d’Écossais en trois mois, grâce à des sondages en ligne, des porte-à-portes et des réunions municipales. « En politique, il faut toujours donner l’apparence que l’on sait où on va ! » ironise l'écrivain Gerry Hassan. Avec cette initiative, la Première ministre garde la main sur le débat post-Brexit sans prendre de risque.

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Ces derniers jours, la Première ministre a continué d’avancer ses pions en suivant un calendrier bien précis. Le 20 octobre 2016, un nouveau projet de référendum pour l’indépendance a été publié pour consultation du Parlement.

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Purement stratégique, la manoeuvre met la pression sur le gouvernement britannique de Theresa May, qui a dû rappeler qu'aucun référendum n'aurait lieu sans son accord. La Première ministre britannique doit tenir une position compliquée : affirmer l'importance de l'Ecosse dans l'Union tout en refusant aux Ecossais de se prononcer par référendum. L'Ecossaise est à l'affut d ma moindre erreur de l'Anglaise. « Je suis déterminée à ce que l’Ecosse puisse reconsidérer la question de son indépendance et ce avant que le Royaume-Uni ne quitte l’UE, si c’est dans le meilleur intérêt de l’Écosse », prévient Sturgeon.

Car un critère primera dans le choix de Sturgeon : sa conviction ou non que le « Oui » l’emportera si elle provoque un nouveau référendum. « La dernière chose qu’elle veut, c’est un second référendum qui serait une nouvelle défaite », assure Harry Burns. En 2014, Salmond tentait un pari à quitte ou double.

Pour Sturgeon, pas question de prendre le risque. Pas un jour ne passe depuis le 22 juin, sans qu’un collaborateur ne lui conseille d’accélérer la marche vers un nouveau référendum, et qu’un autre ne la conjure de la freiner. Sturgeon écoute, éprouve les hypothèses, attend le bon moment. La méthode a fait ses preuves.

Même soumise à l’épreuve de la méthode Sturgeon, l’opinion publique écossaise peut demeurer indéchiffrable. La Première Ministre a tout à perdre : sa raison d’être en politique, sa carrière, sa trace dans l’Histoire. « C’est de loin le moment le plus difficile de sa carrière », assure Torrance. « Même pour Sturgeon, c'est un dilemme insoluble. » Mais ses proches l'assurent, elle ne se défilera pas. Son prédécesseur a conduit le parti nationaliste au sommet. Pour Nicola Sturgeon, ce sera l’indépendance ou l’oubli.






Mise à jour du 23 mars 2017.

Le 13 mars, alors que le gouvernement britannique s'apprête à activer l'article 50 pour enclencher institutionnellement le Brexit, Nicola Sturgeon créé la surprise. Elle exige la tenue d'un nouveau référendum sur l'indépendance de l'Ecosse entre fin 2018 et le printmps 2019. Prise au dépourvue, Theresa May lui oppose une fin de non recevoir et provoque la colère des inépendantistes. Le 22 mars, le Parlement écossais devait valider officiellement la procédure pour demander la tenue d'un nouvau référendum. Suite à l'attaque terroriste de Westminster, le vote a été reporté au mardi 28 mars.

Article publié le 3 novembre 2016

Réalisation : Asia Balluffier et Sébastien Bossi Croci

Design et illustrations : Johanna Barlet

Enquête : Asia Balluffier

Production : IjsbergPress

Sources complémentaires : Graphique sur le taux de popularité : Sondage TNS du 29 avril 2016,
« A political life », David Torrance, 2015, et
« Scottish National Party Leaders » Gerry Hassan, James Mitchell, 2016