10 500 athlètes, 207 délégations, 306 épreuves, 42 disciplines. La masse des épreuves organisées pendant les Olympiades pourrait laisser croire à un suspense à tous les niveaux. Pourtant, il n’y aura aucun doute sur la hiérarchie au tableau des médailles. C’est écrit, le 21 août, jour de clôture des Jeux, les États-Unis et la Chine occuperont les deux premiers rangs. Probablement dans cet ordre. Le pays hôte, le Brésil, 22e nation en 2012, sera lui aux portes du top 10. A l’autre bout du classement, l’Afghanistan, le Gabon ou la Moldavie ont peu de chance de passer la barre des 5 médailles.
De multiples facteurs entrent en jeu dans le résultat final d’une nation au tableau des médailles. Taille de la population, proximité géographique de la ville hôte, et régimes politiques sont des critères déterminants. Une donnée se détache : le Produit Intérieur Brut (PIB). Plus on a d’argent, plus on a de temps à consacrer au sport, et plus on a les moyens de développer une pratique de haut niveau. La richesse des pays structure le tableau des médailles depuis les débuts des Jeux olympiques modernes.
Les pays les plus riches occupent le podium olympique
Lors des Jeux de 1908 – les premiers où les médailles sont comptées par délégations nationales – les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne et la France se classent dans le Top 5 du tableau des médailles. Elles sont aussi les quatre nations les plus riches en lice dans la compétition. En 1913, elles représentaient plus de 40 % de l’économie mondiale à elles seules. Seule la Suède parvient à déjouer cette loi du plus fort.
En 1908, les premières économies dominent le tableau des médailles
Or | Argent | Bronze | Total | |
Grande-Bretagne | 56 | 51 | 39 | 146 |
États-Unis | 23 | 12 | 12 | 47 |
Suède | 8 | 6 | 11 | 25 |
France | 5 | 5 | 9 | 19 |
Allemagne | 3 | 5 | 5 | 13 |
La tendance se confirme avec le temps La première moitié du 20e siècle permet aux États-Unis d’asseoir leur domination économique, jusqu’à concentrer plus de 26 % du PIB mondial en 1950. Pendant cette période, les athlètes américains remportent toujours plus de titres, jusqu’a atteindre 26% des médailles d’or en 1952.
Depuis plus d’un siècle, la part du PIB mondial des États-Unis et son ratio de médailles d’or évoluent au même rythme
Devenue deuxième puissance économique du monde, l’URSS détient 9,6 % du PIB mondial en 1950. Pour ses premiers Jeux, en 1952, elle se classe deuxième et remporte 14 % des médailles d’or. La Chine ne connaît pas le même succès. Malgré ses 500 millions d’habitants, elle repart sans médaille de ses premiers Jeux. Cinquante ans plus tard, en 2008, l’ancien empire, redevenue grande puissance économique, termine première nation de “ses” Jeux. Depuis trente ans, son nombre de médailles olympiques a suivi la même courbe ascendante que sa part dans le PIB mondial.
À l’inverse, la part du nombre de médailles remportées par les États-Unis a décru depuis 1984, tout comme sa part dans le PIB mondial. De 36 % des médailles d’or raflées en 1984, il n’en a remportées que 15 % en 2012.
Pauvres ou riches, l’évolution du ratio de médailles est liée au PIB des pays
En observant l’évolution du la part de PIB des pays et de leurs résultats aux Jeux olympiques depuis 1980, on retrouve cette relation, sans distinction de richesse.
En 1980, la Bulgarie avait emporté plus de 6 % des médailles à Moscou. À Londres en 2012, elle n’en a gagné que 0,2 %.
Dans les années 1980, la Roumanie détenait plus de 0,8 % du PIB mondial, son record. En 1984, elle remporte près de 9 % des médailles d’or en jeu. Une performance qu’elle n’a jamais pu approcher depuis.
Depuis 1980, la part de PIB mondial de la Corée du sud a été multiplié par 1,5, et son ratio de médailles olympiques par 2,5.
Les athlètes italiens avaient remporté près de 5 % des médailles d’or à Atlanta. Ce ratio a progressivement diminué pour atteindre 2,7 % en 2012.
Longtemps classée dans le Top 3 du tableau des médailles, comme en 1996, l’Allemagne alterne depuis dix ans entre la cinquième et la sixième place.
En 1996, l’Azerbaïdjan n’avait ramené qu’une médaille d’argent d’Atlanta. À Londres en 2012, elle en a remporté 10, dont deux en or.
Des exceptions qui s’expliquent par l’action politique
La France constitue une exception. Malgré une baisse de sa part dans le PIB mondial, -passée de 4,43 % en 1980 à 2,51 % en 2012- son ratio de médailles a globalement augmenté. Cette singularité peut se justifier par le niveau de dépenses publiques français. La France est le pays développé qui dépense le plus par rapport à son niveau de PIB. Entre 1980 et 2012, ces dépenses sont passées de 48 % à près de 57 %.
Même constat pour le Japon, dont la part dans le PIB mondial a presque été divisée par deux. Si son ratio de médailles d’or a diminué -de 4,42 % à 2,32 %-, il est parvenu à maintenir son ratio global de médailles – de 4,65 % à 3,95 %-.Ce maintien peut s’expliquer par les dépenses à destination du sport dans le pays depuis les années 2000. Entre 2000 et 2009, les dépenses publiques concernant le sport ont augmenté trois fois plus vite que son PIB. En 2008, le Japon dépasse son record en nombre de médailles de 1984.
Des exceptions dues aux contextes culturels
Certains pays possèdent un ancrage culturel si important qu’il fausse les statistiques. C’est le cas de la Jamaïque, spécialiste du sprint en athlétisme. Système scolaire, infrastructures, climat et même régime alimentaire local contribuent à faire des Jamaïquains les meilleurs sprinters du monde.
À l’absolu opposé, l’Inde est une autre exception. Là aussi, la société indienne, bien plus que son PIB, explique ses mauvais résultats aux Jeux olympiques. Deuxième nation la plus peuplée du monde, elle n’a remporté qu’une médaille d’or olympique au cours des trente dernières années. Pourtant, l’Inde concentre aujourd’hui deux fois plus de PIB mondial qu’en 1980. Au delà du manque de soutien politique, le sport indien souffre surtout d’un manque de considération de la population. À l’inverse de leurs homologues Jamaïcains, les jeunes Indiens ne sont pas incités à devenir sportif professionnel par leur famille ou par l’État. En 2012, cette différence a permis à la Jamaïque -0,023% du PIB mondial- de faire deux fois mieux aux Jeux que le géant indien -6,2% de l’économie internationale-.
C’est heureux, l’économie ne décide donc pas de tout en matières d’olympiades. L’histoire le prouve, elle reste le meilleur moyen de gagner.
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